Les grandes étapes du Domaine sous FUNKE et SCHAEFLER

https://www.chapelle-marimont-bourdonnay.org/

Grâce à un habitant originaire de Bourdonnay il a été possible de retracer l’histoire de cette période. En effet voilà une quarantaine d’année Mr FAUCONNIER Serge lors d’une foire a trouvé un livre d’une thèse écrite en 1921 par un ingénieur agronome Mr Raymond HOUPERT. Il était régisseur « de la ferme modèle de Marimont » surnommée ainsi par les nouveaux propriétaires après la saisie du domaine qui appartenait à Mr FUNKE en 1919. Les nouveaux propriétaires sont : la famille DAUM de Nancy et différents actionnaires de la banque RENAUD de Nancy. (Prix d’achat 1 000 000 francs). Mr SCHAEFFLER avait laissé tous les registres de la ferme à l’exception des registres financiers..

Les grandes étapes du Domaine Marimont sous FUNKE ( 1889 / 1919)

A l’achat du Domaine le 18 avril 1889, il comptait 500 hectares. Mr Wilhelm FUNKE prend comme Directeur des travaux (ou régisseur) Mr Georg SCHAEFFLER ingénieur agronome originaire de Bavière. Ce dernier parle français et de religion catholique. Trois enfants sont nés à Marimont, 2 ont créés le GRUPP SCHAEFFLER en 1946 (3 ème groupe industriel allemand) le siège est en Bavière,

Automne 1889, drainage de toutes les terres, y compris les prairies.

  1. Une centrale hydraulique est construite sur ordre de Guillaume I   en 1880 à la Hoube (commune de Dabo)
     En 1890, Mr FUNKE et Mr LORENTZ (propriétaire du Domaine d’HELLOCOURT), se mettent d’accord pour faire venir de l’électricité depuis la centrale de La HOUBE commune de DABO (Moselle) soit une ligne d’une longueur de 66 km à vol d’oiseau.. Ainsi Toute la ferme fut électrifiée par Monsieur FUNKE.

    centrale1
     
    centrale2 

     

  2. Construction de l‘écurie : 1890,
    C’est un bâtiment ultra moderne L’étable surmontée du grenier à foin, est le bâtiment le plus récent et le plus important de la ferme. Il occupe dans l’ensemble des bâtiments, toute l’aile orientée vers l’est. Sa forme est celle d’un rectangle de 100 mètres de long sur 12 mètres de large. Au milieu, dans le sens de la longueur, passe le large couloir d’alimentation et le long des murs longitudinaux règnent les couloirs de service. L’étable peut contenir sur les deux rangées, 100 bovins, avec les têtes dirigées vers le couloir central. Celui-ci est partagé en deux moitiés par un petit couloir transversal assez large. Etc… Beaucoup d’autres bâtiments très vétustes sont réaménagés. Plusieurs familles habitent dans différents bâtiments de la ferme.

    plaque date année construction 

    L’étable a été construite en 1890,

    (plaque se situant sur la façade de ce bâtiment) 


  3. Construction de grand fontaine

    Un bâtiment pour loger 8 familles est construit au lieu «Grand Fontaine».
    Cette construction compte 8 logements, et se situe à moins de 500 mètres de la ferme en direction du village de Donnelay. Chaque logement de cette nouvelle bâtisse Grand Fontaine, construite en 1891 comporte trois pièces : cuisine et deux chambres. En outre, il y a : cave, grenier à fourrage, logement pour les animaux de basse-cour (porcs, lapins, volailles) remise pour bois ou charbon. A ce logement est annexé un jardin pour légumes avec une parcelle de terre de 25 ares par famille pour la culture du potager, dont des pommes de terre. Ainsi que des autres avantages : soit 8 stères de bois ou 2 500 kilos de charbon par an pour une famille comptant cinq personnes au plus, dont celles de plus de 14 ans travaillant à la ferme » un porcelet pour engraisser (à moitié prix). Si la famille compte plus de cinq personnes elle a droit également par an à 2 porcelets, et également le droit d’élever en permanence 15 lapins et 15 volailles vivant en parquet. Ce nombre est un maximum à ne pas dépasser. La paille et la litière des porcs seront fournies par la ferme à raison de 80 kilos par porc et par mois. Le fumier sera abandonné aux ouvriers pour leur jardin. » etc..
    Le personnel de surveillance est logé à la ferme même, ainsi que les ménages vacher et porcher. En général les ouvriers sont consciencieux, voir même fier de connaître leur métier.
    D’où l’importance pour Marimont, qui est une ferme champêtre, de pouvoir loger une partie de son personnel

     grand fontaine

    Photo actuelle. A partir de 1970,

    cette bâtisse n’est plus habitée. 


  4. Règlement

    Quelques articles du règlement Article 6 des statuts: «Les ouvriers mariés et travaillant au mois ou à l’année ont droit après un an de service au chauffage. L’allocation de chauffage est accordée en nature ; soit 8 stères de bois ou 2 500 kilos de charbon par an pour une famille comptant cinq personnes au plus, dont celles de plus de 14 ans travaillant à la ferme »

    Article 7 ART 7 : Les ouvriers mariés et travaillant au mois ou à l’année, et dont la famille compte moins de 5 personnes, ont droit par an à un porcelet pour engraisser (à moitié prix).

    Si la famille compte plus de cinq personnes elle a droit par an à 2 porcelets. Ces porcelets seront cédés à moitié prix de leur valeur réelle et doivent être exclusivement réservés aux besoins du ménage et non vendus à l’extérieur. En cas de non respect, la valeur réelle du porcelet sera retenue sur le salaire et la famille n’aura pas le droit d’ avoir un porcelet l’année suivante.

    Article 8 : Les ouvriers remplissant les conditions énoncées à l’article 7, ont également le droit d’élever en permanence 15 lapins et 15 volailles vivant en parquet. Ce nombre est un maximum à ne pas dépasser.  

    Article 9 : Dans les conditions énoncées à l’article 7, il sera accordé 25 ares de jardin, à chaque famille.

    Article 10 : « La paille et la litière des porcs seront fournies par la ferme à raison de 80 kilos par porc et par mois. Le fumier sera abandonné aux ouvriers pour leur jardin. » etc...

  5. déroulement d’une journée de travail au domaine

     

    1° mai au 1° novembre

    1° novembre au 1° mai

    Commencement de la journée  

    5 heures

    6 heures

    Petit déjeuner, une demi-heure

    8 heures

    8 heures

    fin de matinée pour attelages  

    11 heures

    11 heures

    fin de matinée pour chantiers

    11,30 heures

    11,30 heures

    Déjeuner

    12 heures

    12 heures

    Reprise du travail  

    13 heures

    13 heures

    Goûter une demi-heure

    16 heures

    supprimé

    Cessation du travail

    18 heures

    17 heures

    Dîner

    19 heures

    18 heures

    La répartition du travail se fait sur la «place d’appel», devant la maison du régisseur.

     

     

    maison du Régisseur    maison du régisseur.

     

     

    Soit c’est Mr SCHAEFFLER qui répartit le travail, ou l’un des contremaîtres. Parmi les 5 contremaîtres, se trouvait une personne de nationalité polonaise.

    Les vachers, les porchers, le berger, etc… ne viennent pas à cette répartition des tâches Il ya donc 11 heures de travail effectif par jour en été et 9 h 30 heures en hiver. On ne travaille jamais les dimanches et jours févriers en entier (sauf pour ceux qui s’occupent des animaux du domaine ; ARTC 15 du règlement)  

    Quelques avantages dont bénéficient les employés du Domaine.(voir les statuts)

    Ainsi Mrs FUNKE et SCHAEFFLER, faisaient tout pour fidéliser les salariés.

    Mr SCHAEFFLER instaure un règlement ainsi que des statuts. Tous les employés doivent signer ces derniers.

    Les lois sociales allemandes sont adoptées,

     

  6. Achat d’une charrue à vapeur. 1890

    La charrue est le système à deux machines à vapeur. Elle est installée depuis le printemps 1893 à Marimont est fonctionne depuis cette époque. Fournie par la maison James Fowler et C° à Leeds (Angleterre) et Magdebourg (Allemagne), elle a toujours admirablement bien fonctionné. Les deux machines avec charrue, scarificateur, herses et accessoires coûtent près de 55 000 Mk. On cultive à Marimont annuellement près de 700 hectares en comptant les diverses cultures et herbages. Cela occasionne environ de 25 à 27 journées de travail. Pour le service de cette machine on emploie deux mécaniciens, ainsi que deux hommes pour la charrue ou autres accessoires.

    Ces machines consomment journellement 10 quintaux de charbon et 3500 litres d’eau qui est facilement amené sur place aves une voiture à deux chevaux. On peut labourer avec ce système de charrue à une profondeur de 20 à 45 centimètres et selon la nature du sol et genre de culture, journellement 4 à 6 hectares. On commence à Marimont avec 25 centimètres de profondeur et on augmente graduellement la profondeur, de manière à ne pas avoir d’un coup toute la terre vierge en haut. Ce système de charrue à vapeur convient particulièrement bien aux terres lourdes, car avec le labourage à cette profondeur la terre se désagrège bien, les principes nutritifs se dissolvant beaucoup mieux, étant plus souvent renouvelés, cela doit produire un très bon effet pour le rendement des récoltes

     charrue à vapeur

    Photo trouvée sur Internet modèle 1890, James Fowler et C°& Magdebourg

     

     

  7. Culture de la betterave sucrière = 40 hectares

    La sucrerie d'Erstein a été fondée en 1893, aussi à Marimont dès le printemps 1893 il commence à cultiver la betterave sucrière est engagée sur une surface de 40 hectares. Jusqu’en 1918, Marimont était le plus gros fournisseur de la sucrerie. Les betteraves sont acheminées par voitures tirées par des chevaux jusqu’au Port Sainte Marie à Moussey puis sont chargées sur des péniches du canal de la Marne au Rhin jusqu’à la sucrerie.

    Tous les corps de métiers sont représentés à Marimont : boucher, boulanger, cuisinier, maçon, charpentier, maréchal ferrant, etc.. Ainsi le domaine vit en autonomie complète. Les 2/3 des employés habitent dans les villages voisins.

  8. Vignobles

    Il y a 13 hectares de vignes, 2 vins sont très appréciés dont un grande partie, est vendues en Allemagnes : le Clairet de Marimont, et le Pinot Noir.

    11   seigle et porcs.50 hectares de seigle sont cultivés,

    La porcherie compte plus de 400 porcs, de race Edelchwein. (porcs, croisés allemands à croissance très rapide et d’une très grande fertilité) Pour le porc et le seigle

    il y a de très gros débouchés avec les 2 garnisons de Dieuze et 3 à Morhange. (Voir sur notre site l’article : de Marimont à Hellocourt)  

     

  9. AMELIORATIONS ET RESULTATS.

    Par ces deux grandes innovations : drainage et labourage à vapeur, procédés nouveaux à cette époque, le domaine de Marimont au bout de quelques années, obtint de ses terres des résultats absolument remarquables qui étonnèrent les agriculteurs du pays.
    Marimont se démarqua à la tête du progrès, surtout depuis la création de la Station agronomique de Colmar et de sa succursale de Metz. Avec le Comice agricole de Strasbourg, MR SCHAEFFLER  restait en relation étroite.

    Début 1890, Mr Schaeffler est responsable du  programme de formation. (Pour marquer sa toute-puissance à la France vaincue, l'empereur Guillaume II décide de créer entre 1886 et 1914, une Kaiserliche Ackerbau und Realschule= une École Impériale Pratique d'Agriculture). En 1908, l’empereur fait construire le lycée agricole de Château-Salins

    Les premiers cours sont dispensés dans les bâtiments de la mairie actuelle qui dépendaient de la ville.  De très nombreux élèves viennent en stage à Marimont. De même, jusqu’à la première guerre mondiale tous les ingénieurs agricoles allemands avaient l’obligation de suivre un stage de 2 mois au domaine.

    Peu à peu, le Domaine de Marimont gagna la renommée d’une ferme modèle.

     soldats vers début 1916 Marimont

    Vers 1916 soldats

    allemands à Marimont

    à gauche ancienne

    étable au fond l’écurie,

    A la déclaration de la première guerre mondiale, la main d’œuvre masculine manqua cruellement, aussi de nombreux prisonniers polonais originaires du monde rural furent employés. Ne pas oublier qu’il y avait un contremaître polonais au domaine et cela depuis de très nombreuses années. Les prisonniers polonais étaient gardés par des soldats allemands.

    Avant la déclaration de la guerre l’empereur GUILLAUME II, venait régulièrement chasser au Domaine, étant donné qu’il était grand ami de FUNKE. Lorsqu’il était présent à Marimont, seul le personnel du château pouvait y accéder. Durant la guerre l’empereur n’est plus venu, mais son fils le Kronprinz, venait très souvent et à chaque fois avec une nouvelle femme. Il se promenait souvent à cheval et saluait les employés.

    (Témoignage de mon arrière grand père berger à Marimont)

    En septembre 1944, le château a été détruit par l’aviation américaine juste avant la bataille de chars d’Arracourt. A Marimont se trouvait le commandement des Panzers divisions. Lors de ce raid 8 chars tigres ont été détruit.

    Le château actuel a été reconstruit début 1949.

    Ancien château de Marimont = Maison de Maître

     A noter la chapelle du château se trouvait à laile gauche du bâtiment

     

     

     

    Façade avant , sur l’aile côté gauche se trouve la chapelle du château

     cote et arriere chateau 1911

     

     

     

     

    Côté et arrière du château

    Photo de 1911

     croquis chateau fort

    Croquis de l’ancien château fort fait par un architecte ami de la famille SCHATZ en 1933,

    Croquis fait à partir des ruines

    L’ancien village de Bourdonnay se trouvait à environ 250 mètres du château.

    Le village a été détruit lors de la guerre de 30 ans

     

    Le lorrain 03 février 1920

    Liquidation des biens séquestrés en Lorraine.

    Par Soumission vente de Marimont

    Le domaine de Marimont: sis sur le territoire de Bourdonnay, Lagarde, Donnelay et Gelucourt, de 500 hectares environ, avec château, vastes bâtiments d’exploitation, électricité dans tout le domaine, ateliers, forge, charronnerie, pressoir, ensemble tout attirail de culture comprenant notamment 40 chevaux, 48 bêtes à corne, 130 porcs, et un très important matériel de culture avec machines à vapeur.

    Patrimoine de M. FUNKE

    Vente à Delme sous la surveillance de M° Maurice FLEISCHEL recevra les offres dans un délai d’un mois de la publication au « Journal Officiel » et sous pli recommandé.

    Le cahier des charges tant des immeubles mis en adjudication que du domaine et du matériel à céder par vie d’offres, sont à la disposition des acquéreurs éventuels en l’étude de M° FLEISCHEL. 2, rue d’Alsace, METZ,


    Cette annonce a été à nouveau publiée le 20 juillet 1920. Date d’acquisition 1° juin 1922 ,par les associés familles DAUM et de la banque RENAUD


    Mr SCHAEFFLER avait mis en place une culture en 3 soles, avec une année de jachère.

    Principe Schaeffler : 1° Sole : Culture sarclée, jachère.

    • 2° Sole : Blé. Seigle
    • 3° Sole : Avoine. Orge
    • jachère

    Le régisseur Mr ?,, modifia ce principe en supprimant les jachères et en augmentant les apports d’engrais. Arrêt de la culture de la betterave sucrière qui représentait un apport financier très important. La culture du seigle est également abandonnée.

    A l’époque Schaeffler : Un vin mousseux « le clairet de Marimont » connait un très grand succès en Allemagne il est vendu à une société de Wiesbaden, ainsi que le Pinot noir de Marimont.

    Mais tout ce commerce n’existe plus. De plus durant 3 hivers consécutifs le gel fait de gros dégâts. De plus le phylloxéra fait son apparition, de nombreux plants doivent être arrachés. Sur 13 hectares de vignes 5 sont sauvés.

    Le Domaine est mis en vente le 03 juillet 1925 à Bourdonnay à l’hôtel PIERRON ;   soit en totalité, soit lots et seulement 164 hectares sont vendus.

    Contrairement au système allemand, où le propriétaire Mr Funke (qui était un industriel), avait une entière confiance envers son régisseur, Mr Schaeffler.

     

    De son côté, le régisseur devait sans cesse rendre des comptes aux nombreux associés propriétaires, qui exigeaient des récoltes des bénéfices importants. En 1928, Mr Houpert, démissionna pour un poste de régisseur chez un ministre de la III° République dans l’Aisne à Monceau-le-Waast,

    Les nouveaux propriétaires après FUNKE. DAUM est Banque RENAUD de Nancy

    Le groupe compte 20 actionnaires. Dans les statuts le du Domaine nom devient :

    « Ferme modèle de Marimont »,


    Extrait du journal : Le LORRAIN

    Surveillance de la gestion

     

    Article 18

    La collectivité des associés est représentées dans ses rapports avec la gérance par un conseil de surveillance composé de trois associés non gérants et de sept au plus.

    Ils sont nommés par décisions des associés prises conformément aux dispositions de l’article 29 et peuvent toujours être réélus.

    Le conseil de surveillance nommé, et actuellement en fonction, est composé de :

    Mrs Paul Daum, Paul Giros, Louis Michel, Saint-Just-Péquard et Georges Ferrand.

     

    Malheureusement aucune de ces 5 personnes n‘a des connaissances du monde agricole, ainsi cela entraina rapidement « le déclin » de ce Domaine.

    En 1932, le domaine est acheté par l’Indivision Bruhné-Schatz, Il est actuellement exploité par Mr et me JULLY Patrick (petit fils de Mr SCHATZ).

    En feuillant les archives du domaine, vers les années 1960, il y avait 53 fiches de salaires. 14 familles habitaient au Domaine, une vingtaine d’employés étaient des hommes célibataires. Quelques uns habitaient à Bourdonnay ou les villages avoisinants. Plus de vingt enfants entre 6 ans et 14 ans étaient scolarisés aux écoles du village (écoles de filles et école de garçons)